Les paysages de la vallée de l'Ognon
Une rivière de plaine au bassin versant étroit
Rivière comtoise, sauf 3 km de cours secondaire en Côte d’Or, l’Ognon prend sa source au pied du ballon de Servance à 950 m d’altitude et se jette dans la Saône à 185 m, après 213 km de cours.
Profil altitudinal et carte physique montrent que l’Ognon est une rivière de plaine : à 30 km de sa source, le petit torrent vosgien « cesse de se précipiter et se met à musarder » en un cours lent et sinueux.
Cependant, comparée à ses voisines comtoises, cette rivière de plaine est à l’étroit dans un bassin versant longiligne (2 285 km2 pour 213 km de cours), ruban qui atteint à peine 30 km dans sa plus grande largeur ; il en résulte une vallée fermée, gouttière synclinale coincée entre les bassins plus amples de la Saône et du Doubs, cul-de-sac se terminant dans les Vosges saônoises : cela explique qu’à l’exception de la future branche Est du TGV Rhin-Rhône, cette vallée n’ait pas vu se développer de grands axes de circulation.

Une rivière flottable, mais non navigable
Flottable mais non navigable, l’Ognon peut se descendre en canoë ou en kayak à partir des Aynans (47 km en aval de sa source) et ce sur 166 km, et même 172 km si on inclut la boucle sur la Saône et la remontée du petit Ognon jusque Perrigny que propose la carte-guide «Plaisir du canotage sur l’Ognon». Le parcours emprunté par les embarcations légères est haché par la présence de 32 barrages, aménagés ou non pour le passage des canoës.
Entre deux barrages, pêcheurs ou promeneurs utilisent la barque : la réglementation n’autorise, sur l’Ognon, que les moteurs électriques, donc de faible puissance.
Une rivière effacée
Rivière modeste, classée première catégorie pour la pêche de la source à Pont-sur-l’Ognon, puis deuxième catégorie jusqu’à la confluence avec la Saône, l’Ognon est peu connu en dehors de la Franche-Comté. Il est vrai que sur les cartes, son cours s’efface sous les limites administratives qu’il matérialise : rivière frontière presque continue entre Haute-Saône et Doubs (sur 110 km, de Bonnal à Jallerange), puis entre Haute-Saône et Jura (26 km), et enfin, entre Haute-Saône et Côte-d’Or, sur 10 km, de Broye-les- Pesmes à la confluence (fig. 36). Dans la haute vallée, elle surplombe, à l’est, le Territoire de Belfort et, au nord, la vallée de la Moselle située dans le département des Vosges.
Une rivière secrète masquée par la ripisylve
Bordée par une ripisylve presque continue, l’Ognon disparaît de la vue derrière un rideau d’arbres, plus ou moins épais, constitué à l’état naturel d’une double ceinture boisée (aulnaie associée à la saulaie pionnière). L’association aulne-saule constitue une meilleure protection des berges, mais cette végétation naturelle est souvent menacée par l’exploitation maximale de la surface alluviale à des fins agricoles, et concurrencée par les plantations de peupliers. Sur le plan paysager, quelles que soient les espèces arborées, le résultat est identique : en dehors des périodes où l’Ognon quitte son lit, l’eau est peu visible des berges et de l’ensemble du bassin versant, et, en corollaire, depuis le fil de l’eau, la vue est masquée par la forêt-galerie.
Les rythmes du paysage
On peut ramener la rivière à une entité linéaire dans laquelle chaque point échantillonné est représenté par une valeur selon son type de paysage. Les hauteurs des bâtons représentant chaque type n’ont pas de signification propre : elles ont pour seul but de faciliter la distinction visuelle de chacun d’eux. Ainsi il se dégage de l’analyse paysagère quatre secteurs :
- la haute vallée, non navigable, torrent caché propice à la pêche à pied, et dont les vues se dégagent plus on descend vers l’aval ;
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Le torrent ou ruisseau en forêt très fermée
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Rivière un peu large fermé par forêt ou haie
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Rivière plus large avec plus grande profondeur de champ
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Paysage fermé sur les 3 vues par forêt ou haie; profondeur de champ très réduite
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- En moyenne et basse vallée
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Paysage avec un peu plus de profondeur de champ sur les 3 vues qui restent fermées
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Paysage ouvert sur vue centrale : couloir dans forêt
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Présence de forêt ou haie sur 2 vues, ouvert sur la 3ème
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Paysage ouvert sur 2 vues, fermé sur la 3ème
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Grève accostable dans paysage plus ou moins fermé
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Rivière très large à dominante ouvert
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- le cours navigable supérieur, assez varié et rythmé (notamment par les barrages), peu profond et aux nombreuses berges accostables, donc très favorable au canoë ludique et à la baignade ;
- le cours moyen, plus fermé (berges plus hautes et boisées), moins rythmé, couloir de verdure convenant bien à la pêche en barque et à la découverte du milieu naturel ;
- le cours inférieur, très vert mais varié, dominée par la prégnance de la « forêt galerie» où le canoéiste au long cours trouve évasion et dépaysement.
Une réelle spécificité paysage
Des Vosges au val de Saône, l’Ognon au fil de l’eau apparaît comme une rivière tranquille, tenant à la fois de la Marne et de la Dordogne : sa spécificité paysagère est un atout qui peut devenir un fil conducteur pour le développement touristique. Véritable ruban de verdure, cette rivière lente et calme est un havre de paix pour qui découvre, depuis l’eau, ce milieu sauvage qui invite à l’évasion.